Charles Pictet (1755-1824) :
Issu d'une famille protestante de Genève, fils de Charles, officier au service de Hollande, et de Marie Dunant, Charles Pictet est né le 21 septembre 1755 à Genève. En 1786, il épouse Adélaïde-Sara de Rochemont, fille d'Ami, secrétaire d'Etat. Charles Pictet fréquente le séminaire de Haldenstein, près de Coire, où il apprend l'allemand et noue un réseau de contacts avec des Confédérés. Au service de France dans le régiment Diesbach (1775-1785), sous-aide-major. Membre du Conseil des Deux-Cents de Genève (1788), auditeur (1790). Major de la Légion genevoise (1792). Après la révolution genevoise, Charles Pictet est élu membre de l'Assemblée nationale avec son frère Marc-Auguste (1793). Héritier du patriotisme éclairé des Lumières, il démissionne avant la fin de l'année en réaction aux excès du jacobinisme. Il est condamné en août 1794 à un an de détention domestique par le premier tribunal révolutionnaire, puis amnistié trois semaines plus tard par le second. Pendant près de vingt ans, il renonce à tout engagement politique, se consacre au périodique qu'il cofonde, la "Bibliothèque britannique" (1796), et a également une activité d'éleveur agronome, qui se traduit par des réalisations pratiques autant que par des contributions théoriques. Il élève avec succès des moutons mérinos importés de Rambouillet à Lancy, parvenant même à en exporter en Hongrie et à Odessa (domaine de Novoï Lancy). Ses châles en laine jouissent alors d'une certaine renommée.
Le 30 décembre 1813, au lendemain de l'abandon de Genève par la garnison française, Charles Pictet rédige avec Ami Lullin et Joseph Des Arts la proclamation du gouvernement provisoire. Son activité lui vaut dès lors le statut de père de la patrie. Diplomate attitré de la République genevoise, puis de la Confédération aux congrès internationaux qui changent la carte de l'Europe (dès 1814), présent aux deux congrès de Paris et à celui de Vienne (1814-1815), ainsi qu'à Turin (1816). Il obtient la cession des communes savoyardes nécessaires au désenclavement des territoires genevois sur la rive gauche du lac Léman, et celle des communes françaises sur la rive droite, ainsi que l'établissement d'une zone franche incluant tout le Pays de Gex. Charles Pictet obtient en outre la reconnaissance internationale de la neutralité perpétuelle et de l'inviolabilité de la Suisse (20 novembre 1815). Il fait construire à partir de 1817 une maison de maître de style néoclassique (aujourd'hui mairie de Lancy).
Charles Pictet est décédé le 21 septembre 1824 à Genève.
D'après Barbara Roth, "Pictet [-de Rochemont], Charles", in Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), URL: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F20517.php, version du 04/08/2010
Adolphe Pictet (1799-1875) :
Issu d'une famille protestante de Genève, fils de Charles Pictet [-de Rochemont] (1755-1824), Adolphe Pictet est né le 1er septembre 1799 à Lancy (Genève). Il épouse en 1824 Emma Cazenove, fille de Charles Théophile. Formé par Philipp Emmanuel von Fellenberg à Hofwil, Adolphe Pictet entre à l'Académie de Genève (1818), puis se perfectionne à Paris (1820), à Berlin (1821-1823), où il suit les cours de Hegel, et à Londres et Edimbourg (1823). A sa discipline d'étude première, la philosophie esthétique ("Du beau dans la nature, l'art et la poésie", 1856), qu'il enseignera à l'Académie de Genève (1838-1844), se joignent chez ce grand esprit universel des domaines d'intérêt et de travail des plus variés: la linguistique historique et la grammaire comparée ("De l'affinité des langues celtiques avec le sanscrit", 1837; "Essai sur quelques inscriptions en langue gauloise", 1859; "Les Origines indo-européennes, ou les Aryas primitifs", 1859-1863), d'une part, la balistique et l'étude des projectiles ("Essai sur les propriétés et la tactique des fusées de guerre", 1848), d'autre part, sans oublier la littérature ("Une course à Chamounix", 1838). La qualité de ses recherches sur les dialectes celtiques lui vaut l'admiration du monde savant européen. Ses inventions en matière de fusées - il met notamment au point la fusée à la Congreve -, attirent l'intérêt de plusieurs gouvernements, dont ceux du Royaume de Sardaigne et de la France; le secret de la fabrication des obus à percussion est acheté par le gouvernement autrichien. Adolphe Pictet est décédé le 20 décembre 1875 à Genève.
D'après Daniel Maggetti, "Pictet, Adolphe", in Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), URL: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F15958.php, version du 18/01/2011